Je me suis dérobé pour un temps, aux goguenardes clameurs humaines. Heureux de vivre dans le pur enchantement des rossignols et des brises, j’ai gagné la cabane aux murs blancs, au toit de chaume jauni, bâtie ainsi qu’un nid lumineux, au-dessus des torrents.
Je me sens toujours seul dans la foule. Mais l’éternelle et multiple voix des choses, peuple mon immense solitude des monts. Je me grise avec amour de la sollicitude des fleurs. Les rouges gorges s’intéressent visiblement à ma souffrance ; les buissons se vêtent de joie lorsque je passe. Une âme nouvelle s’éveille en moi plus jeune, plus tendre, plus vaillante. Je brûle d’une noble pitié pour les hommes et pour les choses.
L’azur qui me ceint me purifie de ses clartés. Je marche dans une floraison parfumée de fraisiers et de violettes. Les sapinières onduleuses m’ont dit les sanglots d’Atys, et je m’égaie, avec les nymphes des bois, à voir les hêtres dormeurs se pavoiser parfois d’éclairs. Les sentiers s’ourlent de gentianes azurées ; dans l’herbe, Dieu me parle par la voix des sources douloureuses. Des sonnailles au cou de génisses blanches tintent matin et soir, un angélus divin.
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