Le discours des lisières est d’abord et avant tout une belle partition de l’écriture-prière ; une écriture du Pardon et de la Rédemption d’un Chrétien qui, à la fin de sa vie, implore le Pardon de Dieu et celui des Algériens pour tous les crimes commis au seul nom de la colonisation et celui, du génocide des peuplades reculées de l’Algérie que Jules Roy arrosait avec son engin de mort en éprouvant souvent un plaisir sadique à le faire ; Pardon que l’auteure, Samia Raïssi, lui accorde avec une grande clémence et une grandeur d’âme inégalées répondant ainsi à l’impératif divin inscrit dans la nécessité de pardonner à l’autre si l’être veut que Dieu lui pardonne lui-même.
Une très belle partition sur l’écriture-prière parce que l’auteure tente inlassablement de décloisonner l’analyse, les méthodes d’approche et les grilles en se refusant de se plier aux schémas traditionnels de la pensée commune des uns et des autres car, mythe du bon sauvage oblige, chacun tente de faire prévaloir ses valeurs racistes à l’égard de l’autre par les catégories, notions et concepts qui ne servent en fin de parcours qu’à endoctriner la pensée des anciens colonisés et à les maintenir dans la pensée primitive.
Impartiale et n’écoutant que la voix de son seigneur, l’auteure va ainsi de discours en discours, de titre en titre, de quatrième page en quatrième page des textes environnants et ceux de la filiation soulevant les similitudes et les reprises souvent honteuses de la pensée commune de ceux-là mêmes qui sont devenus des Harkis ou des porte-paroles pour l’amour d’un mot, d’une notion ou d’une grille qu’ils allaient payer de leur chair. Samia Raïssi, constant les reprises infinies et souvent lassantes des interdiscours et comprenant enfin l’impossibilité de la parole-discours-écriture neuve, réveille l’évidence du silence et de la torpeur de la Grandeur infinie et Majestueuse du Créateur qui non seulement à appris les mots à Adam mais dont les Livres ne cessent de nourrir de leur chair l’essentiel de l’écriture. Arrivé à ce non-lieu de la connaissance actuelle, l’auteure comprend enfin que tout était dit et qu’il n’y avait plus de place que pour les imposteurs, les traîtres et les prétentieux de la parole-écriture importée.
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