j'étudie une parole poétique gnomique originale appelée Sokela qui prévaut dans le pays betsileo, région située dans la zone sud des plateaux centraux de Madagascar. Inscrit dans l’oraliture, le Sokela est une communication immédiate. Mon corpus d’étude (TOME II) est ainsi une édition bilingue de textes inédits.
De cette immédiateté, le Sokela porte trace d’une forte affectivité qui explique sa poéticité. Il s’effectue également suivant les prescriptions de la double transcendance – caractéristique de l’homme malgache – qui justifie le terme gnomique. En effet, la forme du Sokela s’organise autour de l'autre, le semblable et de la divinité, "l'Autre semblable". Le Sokela se pratique quotidiennement au moment de séparation et de rencontre, à la manière des salutations.
Les occasions du Sokela est aussi les grands événements la vie de l'individu et de la communauté : de la naissance à la mort. Parmi ceux-ci, l’événement des récoltes, source du Volambetohaka dans lequel le Sokela prend l’allure d’une joute oratoire. Il en ressort une esthétisation du discours dont l’excellence revient à qui sait concilier l’homme avec la nature et avec les divinités. C’est en cela qu’il est une rhétorique.
La propriété la plus évidente du Sokela est de construire un discours de bon augure quelque soit les circonstances, il déploie sur le même niveau le réel et le possible, ce dernier se définit alors comme une catégorie du désir. Une fois le monde versé dans le Sokela, la catégorie du réel s’évanouit comme une question inutile. Sa littérarité est dans cette « fuite du réel ».
Mots-clefs : oraliture, Betsileo, transcendance, poétique, gnomique, narrativité, temporalité, désir, possible, Volambetohaka.
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