PAUL-MARC-HENRI DELPIED :Quel besoin de refaire un Madame Bovary de nos jours ?
MARTIN VERN : Le roman de Flaubert annonce, avec un étonnant sens prophétique, le développement du désir amoureux et sexuel dans la société moderne. Je m’en suis servi pour raconter une histoire vraie, celle d’Emma Bo, qui se déroule cent quarante ans plus tard. Ce faisant, je voulais me placer dans une autre dimension, non seulement celle de la solitude conjugale et sexuelle, mais aussi celle de la terrible dépendance de nos contemporains au désir pornographique. J’espère qu’Ernest Pinard appréciera.
PAUL-MARC-HENRI DELPIED :Vous croyez vraiment qu’aujourd’hui une femme peut se laisser piéger dans de telles histoires de chantage conjugal, alors qu’un mariage sur deux finit en divorce de toute façon ?
MARTIN VERN : La question du divorce est marginale. Ce qui piège Emma Bo, c’est la peur de se voir retirer ses enfants.
PAUL-MARC-HENRI DELPIED :Vous voudriez nous faire croire que l’histoire est authentique. Elle se déroule dans un pays qui n’existe pas !
MARTIN VERN : Il fallait que je protège les personnes impliquées, en particulier Emma et ses enfants. Si j’avais donné le nom du pays où se sont déroulés les faits, des proches auraient pu la reconnaître. Et puis il y a l’affaire de l’assassinat de Le Rieux, dont pour des raisons que vous comprendriez si vous les connaissiez, je préfère protéger le perpétrateur.
PAUL-MARC-HENRI DELPIED :Une dernière question. Emma Bo existe, donc ?
MARTIN VERN : Oui. Je ne l’ai pas revue depuis vingt ans, j’ignore où elle est, son souvenir me torture encore, et j’espère qu’elle me contactera après la sortie de ce livre.
AVERTISSEMENT -- Scènes crues, langage explicite, discours incorrect : à ne pas mettre entre toutes les mains.
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