Dans ce texte qu’il a voulu court et didactique, Bruno Lavillatte tente d’expliquer ce qui fait « blocage » dans ce qu’il convient d’appeler, par commodité linguistique et politique, le Sarkozysme. Il montre qu’en tant que tel le Sarkozysme n’existe pas. Qu’il est, structurellement, toujours en train de se constituer dans l’ordre de la parole immédiate et du choix de l’action, sans nécessairement avoir le recul suffisant. C’est là, tout à la fois, sa qualité principale mais avant tout son principal défaut. En réduisant de la sorte le politique à de la politique, le Sarkosysme brouille les pistes et perd en clarté institutionnelle.
Prenant appui sur Bachelard, Aron, De Gaulle, il conclut avec deux catégories d’explication – le principe de révisibilité et le principe d’intégralité – empruntées au grand philosophe et mathématicien suisse Ferdinand Gonseth, pour montrer que le Sarkozysme conduit à une double difficulté politique aujourd’hui objective : celle de ne pas endosser les habits de la 5ème République, dès lors que le Président opte dans sa fonction actuelle pour l’éternelle posture de candidat, et celle, qui lui est immédiatement corrélée, de ne pas dessiner clairement les contours de la 6ème en fondant théoriquement un corps de doctrine adéquat et souple.
Or, la théorie de Gonseth, l’Idonéisme, consistant à dire qu’il n’y a de vérité que dans l’ordre d’une « convenance maîtrisée et pensée », peut être une source de réflexion. En l’état actuel des choses, Bruno Lavillatte soutient que le Sarkozysme reste un impensé qu’il faut penser au risque de le cantonner à n’être qu’une forme indéterminée de pragmatisme anglo-saxon, apparemment inadéquat à l’esprit français.
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