Combien sommes-nous encore à avoir vécu l'exode de mai-juin 40 ? Périodiquement, la télévision nous montre des populations entières fuyant la barbarie d'envahisseurs ou de purificateurs ethniques. Qui n'a vu, récemment encore, sur les routes du Kosovo, les files de tracteurs, avec leurs remorques bondées d'Albanais hébétés ? Mais il faut avoir vécu le calvaire de ces foules déracinées pour mesurer la terreur et le désespoir qui les habitent, et une telle expérience ne s'oublie pas. Certes, la majeure partie des sentiments qui, en ces circonstances, agitent l'esprit des adultes – La honte provoquée par la défaite, la haine à l'égard du « Boche » vaincu en 14-18, la crainte de perdre les biens qu'on a été contraint d'abandonner, l'incertitude quant à l'avenir – ces sentiments affectent peu un enfant qu'intrigue au contraire ce grand chambardement de ses habitudes de vie. Aussi, le garçon de huit ans que j'étais alors ne souffrit-il que modérément de cet évènement décoré d'un nom biblique, jusqu'au jour où…
Connectez-vous pour laisser votre commentaire